RAPPORT GÉNÉRAL DE VOYAGE
État Major du paquebot ‘’France’’sur la Croisière des ‘’Trois Continents’’ du 14 février au 19 mars 1970 |
|||
Capitaine : | MAHÉ Camille | Chef Mécanicien Ppal : | LEMAIRE Ansbert |
Capitaine Adjt : | KERVERDO Raymond | Chef Mécanicien Adjt : | ALLAIRE Jean |
Second Capitaine : | LEPELTIER Jacques | Chef Électricien | DUPAYS J.P |
Second Capitaine Adjt : | LEPESQUEUR Ch. | Officier Électricien | THURET Jacques |
1er Lieutenant | CARBONNET Jacques | 2nd Mécanicien | BOTTEGA Michel |
2ème Lieutenant | JONQUIERE Bernard | 2nd Mécanicien | JOVET Pierre |
Lieutenant | LE GAL de KERANGAL P | 2nd Mécanicien | LECUYER Jacques |
Lieutenant | ROLET Gérard | 2nd Mécanicien | LE ROUX Pierre |
Lieutenant | ROUDIER J. Jacques | ||
Chef de poste Radio | HARISLUR Jean | Officier Mécanicien | BRISSET Fernand |
Chef de poste Radio Adj. | MEURANT Georges | Officier Mécanicien | DE RAGUENEL Gilles |
Chef Electronicien | BONNEAU Robert | Officier Mécanicien | FERON André |
Officier Radio | LE ROHELLEC Marcel | Officier Mécanicien | LE HUEDE Pierre |
LE SOUDEER Henri | Officier Mécanicien | MALET Bernard | |
MAUGER Léon | Officier Mécanicien | MARZIN Serge | |
VALENTIN Lucien | Officier Mécanicien | MEROUR Jean | |
Commissaire Ppal. | JOUBERT Roger | Officier Mécanicien | PAUMIER Robert |
Commissaire Adm. | MAHUZIER Alain | Officier Mécanicien | REMY Michel |
Commissaire Tste. | DELAUNAY Jacques | Officier Mécanicien | TOCQUE Yann |
Commissaire Gest. | GICQUEL J-Paul | ||
Commissaire. | FAURE André | ||
Commissaire. | DAGOUAT Alain | Médecin Ppal. Dr. | MONNIER Albert J. |
PORTS | DATES ET HEURES LOCALES | Passagers | FRET TOTAL | |||||
Fin et commencement de la navigation proprement dite | Débarqués | embarqués | débarqué | embarqué | ||||
D’arrivée | De départ | en Tonnes fret | en Tonnes poids | en Tonnes fret | en Tonnes poids | |||
NEW YORK | 13/02-05h12 | 14/02–17h24 | – | 1 192 | ||||
SAINT THOMAS | 17/02-07h00 | 17/02-18h54 | 8 | – | ||||
BAHIA | 22/02-06h54 | 23/02-00h54 | – | 5 | ||||
RIO DE JANEIRO | 24/02-06h54 | 26/02-01h00 | 16 | 4 | ||||
DAKAR | 02/03-07h48 | 03/03-00h54 | – | 1 | ||||
SANTA CRUZ | 04/03-08h06 | 04/03-19h00 | – | – | ||||
MALAGA | 06/03-06h00 | 06/03 – 19h12 | 1 | – | ||||
AUGUSTA | 08/03-07h54 | 08/03-21h30 | 2 | – | ||||
NAPLES | 09/03-08h12 | 10/03-17h00 | 6 | 9 | ||||
CANNES | 11/03-07h54 | 12/03-03h06 | 83 | 42 | ||||
FUNCHAL | 14/03-07h00 | 14/03-18h48 | 10 | 4 | ||||
NEW YORK | 19/03-08h42 | 1 138 | – | |||||
1 264 | 1 264 | |||||||
Dont | 59 | Staff. |
NOMBRE DE VOYAGES ET DE MILLES PARCOURUS PAR LES VEDETTES ET CANOTS
PORTS Du 14 février au 19 mars VEDETTES et CANOTS |
SAINT-THOMAS |
BAHIA |
RIO DE JANEIRO |
DAKAR |
MALAGA |
AUGUSTA |
VOYAGES MILLES |
|
CHENONCEAUX |
Voyage. |
14 |
16 |
47 |
29 |
18 |
14 |
138 |
Milles |
56 |
56 |
165 |
58 |
36 |
28 |
399 |
|
CHINON | Voyage. |
15 |
21 |
47 |
24 |
19 |
13 |
137 |
Milles |
60 |
74 |
164 |
48 |
38 |
26 |
310 |
|
CHAUMONT | Voyage. |
14 |
20 |
39 |
24 |
19 |
16 |
132 |
Milles |
56 |
70 |
136 |
48 |
38 |
32 |
380 |
|
CHAMBORD | Voyage. |
15 |
22 |
46 |
21 |
19 |
10 |
133 |
Milles |
60 |
77 |
161 |
42 |
38 |
20 |
398 |
|
CHEVERNY | Voyage. |
12 |
14 |
48 |
17 |
4 |
19 |
124 |
Milles |
48 |
49 |
168 |
34 |
8 |
38 |
345 |
|
CANOT 10 | Voyage. |
2 |
1 |
3 |
7 |
|||
Milles |
8 |
4 |
6 |
20 |
||||
TOTAUX | Voyage. |
72 |
103 |
228 |
118 |
79 |
72 |
662 |
Milles |
288 |
326 |
798 |
236 |
158 |
144 |
1 950 |
PHYSIONOMIE GÉNÉRALE DU VOYAGE
Rendement commercial.
Nous avons réalisé une recette brute de 16.162,491 francs pour 34 jours, départ et arrivée compris, soit 475.367 francs par jour. Cette croisière est la meilleurs effectuée jusqu’à ce jour.
Déroulement du Voyage.
Partis de New York à l’étale de pleine mer, sans remorqueur et sous la neige, nous trouvions le beau temps dès le lendemain ; celui-ci nous a souri jusqu’au milieu de la traversée retour et a contribué à faire de cette croisière un véritable succès.
L’escale de Saint-Thomas, toujours appréciée de notre clientèle lui a permis de se ravitailler en alcool au détriment des bénéfices que nous apporte la vente des bars.
Malgré quelques belles églises, l’escale de Bahia n’a intéressé personne. Elle s’est révélée trop longue : à 19h00 tous les passagers étaient rentrés.
À Rio il est préférable d’utiliser le chenal dragué pour navires à fort tirant d’eau qui fait passer à raser le Pain de Sucre. Avec notre calaison il n’était pas question d’aller à quai le long duquel il ne semble pas que l’on envisage pour le moment d’effectuer des dragages. Le prix du combustible étant prohibitif, nous avons attendu Dakar pour embarquer 1100 T de fuel. Les manœuvres d’entrée et de sortie de Santa Cruz ont été faites par temps calme.
Nous sommes arrivées à Malaga par calme plat. En fin de matinée un fort vent d’E.S.E.s’est levé qui nous a obligé à affourcher et a interrompre pendant deux heures la sortie des passagers, ceci sans incidence sur les excursions. Le beau temps revenait dans l’après-midi.
La situation à Pouzzoles nous avait fait craindre d’être obligé d’annuler en dernière minute notre escale de Naples. Aussi, afin de conserver notre autonomie en combustible avions- nous demandé en temps utile de faire à Augusta les 3900 tonnes de fuel primitivement prévues à Naples. Les opération n’ont commencé que 2 heures après notre arrivée et ont été suspendues 3 heures l’après-midi. Nous avons dû retarder le départ d’une heure et demie ne prenant que 3 735 tonnes.
Nous étions en horaire à l’arrivée à Naples par un temps magnifique.
La mer était belle à l’arrivée à Cannes mais il pleuvait ! Nos passagers ont trouvé cette escale trop courte ; ils auraient aimé y rester un jour de plus.
Le temps était très beau à Funchal, nous aurions pu accoster au bout de la jetée, mais nous n’étions mouillés qu’à 0.7 du débarcadère situé en pleine ville.
L’avant-veille d’arrivée à New York nous avons essuyé un coup de vent de Sud, mais le temps s’est amélioré. Il faisait beau à nouveau le lendemain.
L’accostage à New York s’est effectué à l’étale de pleine mer sans remorqueur et sans incident.
Le Capitaine, C. MAHÉ
RAPPORT SUR LE PERSONNEL – LA GESTION ET L’ÉTAT SANITAIRE DU NAVIRE
Croisière des « Trois Continents »
Période de référence du 14/2 au 19/3/1970 soit 34 jours.
Travail Supplémentaire |
Aspect Médical |
Aspect Sanitaire du Navire |
||||
Effectifs | Moy./jour
Homme |
Visites |
Exemptions |
Accidents |
Rongeurs |
|
Désignation |
Nombre |
Aucune trace de rongeurs | ||||
Officiers |
43 |
|
32 |
9 |
||
Exploitation |
83 |
2.73 |
20 |
4 |
Insectes | |
Technique |
130 |
1.26 |
80 |
11 |
Désinsectisation effectuée régulièrement par le Service Sécurité ainsi que par le Service Civil | |
Civil |
840 |
3.86 |
480 |
47 |
||
Totaux |
1 096 |
|||||
Moyennes générales |
3.45 |
612 |
171 |
RAPPORT SUR L’ÉTAT DU NAVIRE
INSTRUMENTS NAUTIQUES ET MATÉRIEL RADIO
RADAR ‘’RAYTHEON 1660 TM I2 S.’’ :
Le 6 mars 1970 à MALAGA, stoppage de l’antenne, moteur d’entrainement continuant à tourner.
Le bord a fixé à l’aide de 4 goujons vissés, le pignon d’entrainement au plateau denté du mécanisme de moteur d’antenne.
MATÉRIEL DE SÉCURITÉ.
Ramonage des conduits de ventilation des grillades passagers et équipage les : 16 février, 28 février, 10 mars.
COQUE ET APPARAUX
1) BOSSOIR AR. VEDETTE 4 :
Mêmes remarques que dans les rapports précédents.
2) PANNEAUX ‘’ERMANS’’
CANNES le 11/3 : Visite d’un représentant de la CHR qui a constaté la trop grande longueur du panneau. Intervention de cette Compagnie dès l’arrivée du navire au HAVRE.
RAPPORT DES SECONDS CAPITAINES.
ESCALES :
SAINT-THOMAS – Mardi 17 février de 07h00 à 19h00.
Escale sur rade par beau temps.
Utilisé 3 canots pontons – 5 vedettes et 2 canots améliorés.
Assuré le transport de nombreux petits colis.
BAHIA – Dimanche 22 de 07h00 à lundi 23 février 01h00.
Escale sur rade par beau temps.
Utilisé 2 canots pontons – 5 vedettes et 1 canot amélioré.
Transport de vivre assuré par le bord.
Remarque : à 19h00 il restait 21 passagers à terre.
RIO DE JANEIRO – Mardi 24 de 07h00 à jeudi 26 février 01h00.
Escale sur rade par beau temps.
Utilisé 2 canots pontons – 5 vedettes et 1 canot amélioré.
Service continu assuré pendant toute l’escale à la grande satisfaction de nos passagers.

DAKAR – Lundi 2 mars 08h00 à mardi 03 mars 01h00.
Escale sur rade par beau temps.
Utilisé 2 canots pontons – 5 vedettes et 1 canot amélioré.
Transport de 3 tonnes de vivre assuré par le bord.
Embarquement de 1100 T de combustible par barges.
SANTA CRUZ – Mercredi 4 mars de 07h00 à 19h00.
Escale à quai, beau temps.
Embarqué 2.400 tonnes de combustible.
MALAGA – Vendredi 6 mars de 06h00 à 19h00.
Escale sur rade, beau temps puis à partir de 11h00 vent d’Est fraichissant. Mer devenant très agitée. Mouvements avec la terre suspendus à partir de 12h30. Amélioration à partir de 14h00. Repris les mouvements à 14h30.
Utilisé 2 canots pontons – 5 vedettes.
AUGUSTA – Dimanche 8 mars de 08h00 à 21h30.
Escale sur rade, beau temps.
Utilisé 2 canots pontons – 5 vedettes.
Nous avons également utilisé les services de 3 vedettes locales entre 09h00 et 10h00 (cf. lettre Direction Armement du 10/03/70).
Embarqué 3.700 tonnes de combustible par barges.
NAPLES – Lundi 9 mars de 08h00 à mardi 10 mars 17h00.
Escale à quai, beau temps.
Manutention de sacs de linge. Embarquement d’approvisionnements par équipes de dockers.
CANNES – Mercredi 11 mars 08h00 à jeudi 12 mars 03h00.
Escale sur rade, par temps moyen.
Utilisé 1 canots pontons – 4 vedettes.
Nous avons assuré les mouvements passagers conjointement avec la Sté Estérel Chanteclair selon l’horaire suivant :
08h00 à 11h00 – 13h00 à 15h00 – 18h00 à 23h00 : Sté Estérel
11h00 à 13h00 – 15h00 à 18h00 – 23h00 à 03h00 : Bord.
La pluie sévissant dans la matinée du 11 à considérablement réduit la capacité des vedettes Estérel Chanteclair (nombreuses places découvertes). Nous avons pu constater une fois de plus que les vedettes locales sont loin d’offrir un service aussi souple que les nôtres.
Embarquement de 70 tonnes de vivres et approvisionnements au moyen des chalands de la Sté Estérel Chanteclair.
FUNCHAL – Samedi 14 mars de 07h00 à 19h00.
Escale sur rade par beau temps.
Utilisé 2 canots pontons – 5 vedettes.
Le débarcadère comportant de nombreuses marches est assez difficile d’accès
RAPPORT DU COMMISSAIRE PRINCIPAL
CARACTÉRISTIQUES DU VOYAGE
16 162 491frs pour 32 jours ½. Elle est évidemment sans précédent et laisse loin derrière tout autre résultat de croisière. La recette de 497 374 frs (pratiquement 500 000 frs par jour, est nettement au dessus des meilleures croisières de Noël et sans servitudes coûteuses de mise en place.)
Commencée avec de multiples difficultés de cabines et de salles à manger notamment, cette croisière s’est finalement développée heureusement grâce à un temps magnifique et à l’effort de tous. Nous n’avons enregistré aucun débarquement à SAINT-THOMAS malgré les chantages nombreux et en dehors d’un seul débarquement à MALAGA, ce n’est qu’après vingt jours que quelques individualités seulement ont dû changer leur plan. Les demandes de remboursements seront donc très limitées (et peut-être négociables sur les passages à venir)
NATIONALITÉ DES PASSAGERS
Américaine | 967 |
Canadienne | 127 |
Française | 46 |
Mexicaine | 11 |
ÂGE DES PASSAGERS
Cette considération est déterminante dans une longue croisière et nous croyons devoir attirer l’attention a départ sur le nombre inévitable de femmes seules âgées, nombre qui risque de s’accroître avec la durée de la croisière. Leur présence pose le problème des difficiles associations à table et de loisirs plus orientés vers les spectacles et les activités plus calmes, l’âge moyen à bord se situait entre 62 et 63 ans.
CABINES
Avec 1 146 passagers les cabines occupables étaient pratiquement toutes occupées. Nous entendons par là qu’après satisfaction des agences, nous ne disposions que de six ou sept cabines intérieures des secteurs Touriste mal placées et trop exiguës. Devant cette situation nous avons souffert jusqu’à CANNES, cet à dire pendant vingt jours, de demandes réitérées d’extension (pour les bagages), de demandes de cabines avec bains ou de plaintes contre les servitudes de bruits.
Nous attirons l’attention sur ces problèmes afin que pour une autre longue croisière le navire soit mieux armé pour les résoudre. Précisons que l’ébéniste a dû installer une quarantaine de penderie de fortune.
Nous avons par ailleurs donné pour le dépôt des bagages les quelques petites cabines encore disponibles, quelquefois loin de la cabine occupée.
Pratiquement il faudrait refaire une étude complète du navire pour les longues croisières en fonction de deux principes :
On peut vendre à un couple une cabine de deux couchettes superposées sans prévoir une extension pour les vêtements ou les bagages dans le voisinage et si cette cabine est adjacente il est possible de la leur faire payer.
On ne peut vendre une cabine « Single » à une femme seule sans lui donner un minimum de place pour ces vêtements et surtout ne pas lui laisser l’illusion qu’elle a un bain si la cabine n’a qu’une douche, car je crois que le désir d’abandonner la croisière à la perspective de ne pouvoir prendre un bain pendant un mois est sincère dans ces cas là.
SALLES À MANGER
La demande de « Chambord », comme il fallait s’y attendre, s’est évidemment exprimée avec plus d’acuité que jamais malgré tous les efforts faits à « Versailles » pour y retenir les passagers. En outre un aussi long voyage implique beaucoup d’exigences à table et il faut reconnaître les efforts exceptionnels du Chef de cuisine et de sa brigade pour les satisfaire tant dans la variété que dans la qualité des mets offerts.
INVITATIONS ET LOISIRS
Disons d’abord que l’heure de vie intense à bord fut l’heure des cocktails. On ne trouvait plus un coin de disponible à bord qui ne fut engagé à cette heure. C’est pourquoi sur le chapitre de la gestion nous avons demandé qu’on ouvre un article spécial, étant donné les multiples concessions qui ont dû être faites pour le succès des « parties » organisées par les passagers les plus importants. Toutefois ces dépenses sont restées dans les limites très raisonnables. En ce qui concerne les parties officielles du Commandant et de l’État-major, il est évident qu’il a fallu revoir au moins une fois tous les passagers embarqués pour un si long voyage. Le Staff de son coté a fait de grands efforts en direction des nombreuses femmes voyageant seules.
Le Staff de croisière a fait du très bon travail sous la direction de Tom HOGAN jusqu’à RIO de JANEIRO puis Philip BRAXTON, américains né en France et y revenant souvent, parle le français comme un français et est d’une éducation parfaite. Ses présentations sobres mais de bonne tenue, son comportement impeccable et son esprit très coopératif lui ont valu l’estime et la sympathie de tous.
La majorité de nos passagers fut attirée par les spectacles du soir (salon théâtre) et, fait nouveau en croisière américaine, par les conférences du Colonel Kirk.
Les artistes fournis par GRADY donnèrent tous une bonne prestation. Mais ont sentit un certain essoufflement entre RIO et DAKAR, du fait qu’il ne fut pas possible d’embarquer l’orchestre brésilien prévu (en l’absence d’une possibilité de rapatriement de DAKAR avant quinze jours d’un séjour trop coûteux) et qu’il nous fallut faire repasser les mêmes.
À CANNES le renouvellement fut très apprécié d’autant qu’il comptait des artistes de qualité qui permirent de finir la croisière sur une note de classe.
Retenons donc que les passagers des longues croisières sont friands de spectacles renouvelés (mais se plaignent très vite des orchestres bruyants).
Dans les loisirs organisés, le professeur de bridge Benjamin BECKER, de notoriété internationale, il est vrai, s’est taillé un bon succès. À la variété des loisirs habituels s’ajoutèrent la célébration du Baptême de la Ligne et les spectacles folkloriques de quelques escales.
Les films américains furent en général appréciés et les films français, comme à l’habitude, un peu critiqués pour leur manque de nouveauté. Deux ou trois films nouveaux et honorant la production française seraient vraiment désirables.
Il serait souhaitable d’organiser systématiquement dans un certain nombre d’escales la vente à bord par les vendeurs locaux d’un journal américain et d’un journal français.
PASSAGERS FRANCOPHONES
Ils ont été pris en main dès le départ par le cocktail habituel puis ont suivi pour la plupart avec assiduité les causeries du Commissaire FAURE les préparant aux escales et aux sujets d’intérêt exceptionnel du voyage. Nous nous sommes par ailleurs efforcés de les mêler le plus possible à la majorité américaine de façon à éviter le développement d’un complexe minoritaire.
ESCALES
BAHIA à la presque unanimité de nos passagers a été considéré comme manquant totalement d’intérêt.
AUGUSTA également (à l’exception des quelque 200 passagers qui ont fait l’excursion de TAORMINA)
Quelque soit notre point de vue personnel, il faut reconnaître que ces deux escales n’attireront aucun ancien passager dans une longue croisière future.
Nos passagers, à l’unanimité, se sont étonné et ont regretté que l’escale de CANNES, notre seule escale en France, fut aussi courte. Nous aussi.
MALAGA a beaucoup plu. Les CANARIES peu. DAKAR fut également une bonne escale pour nos passagers. Le spectacle artistique offert à terre à nos passagers gagnerait toutefois à être plus étoffé. Pour la visite du France, il pourrait l’être aisément par le Secrétariat d’État au Tourisme (le Secrétaire d’état s’est déclaré fort bien disposé à cet égard)
MADÈRE a enthousiasmé de nombreux passagers. De NAPLES, la visite de CAPRI fut l’excursion la plus appréciée.
En conclusion, les passagers de cette croisière reviendront volontiers à CANNES, RIO et MADÈRE et n’objecteraient pas une nouvelle escale à NAPLES et à MALAGA mais BAHIA surtout et la Sicile seraient pour eux des éléments négatifs sur un programme.
SERVICES RELIGIEUX
Messes quotidiennes (célébrées par Mgr. VARGA dont la personnalité digne, discrète et sympathique est appréciée des passagers mais il ne parle malheureusement pas Français). Service Protestant le dimanche et Service Israélite le vendredi.
Le commissaire principal.
RAPPORT DU MÉDECIN PRINCIPAL. A-J MONNIER
SANTÉ DES PASSAGERS
Le grand nombre de gens âgés, ou même très âgés et embarqué dans des états de santé précaires, ou même incompatible avec des voyages à cause de gros soucis au service médical pendant toute la durée de la croisière.
Il est certain que la présence à bord de plusieurs centaines de passagers avoisinant 80 ans ou les dépassent largement pour des croisières longues et comportant des escales dans des climats et des températures très différents pose des problèmes médicaux qui devront être étudiés de très près si l’on envisage des croisières longues.
Je fournirai volontiers un rapport complet sur la question avant mon départ, si la Compagnie le juge utile. Pendant la présente croisière deux éléments ont été dominants.
Une intoxication collective par des langoustes impropres à la consommation. Cent trente deux cas parmi les plus atteints ont dû être soignés par le service médical en un jour et une nuit. Un rapport confidentiel a été transmis au Commandant signalant certains dangers et proposant les remèdes propres à éviter le retour de tels incidents qui pourraient être très préjudiciables, une copie a été envoyée au service médical du Havre.
Une épidémie de rhinopharyngites grippales avec températures tenaces, d’origine vraisemblablement viral et entretenue par des changements de température et de climats très sensibles.
DÉCÈS À BORD
Nous avons enregistré deux décès de passagers :
Une femme âgée de 73 ans, embarquée à New York souffrant d’un cancer et porteuse d’un anus artificiel, est morte en asystolie le 8 mars 1970. Le corps conservé en réfrigérateur a été ramené à New York avec l’agrément de la famille.
Un homme âgé de 73 ans est mort subitement à l’arrivée à New York, devant l’officier de santé au moment des formalités.
RAPPORT D’ACCIDENTS
De nombreux accidents, en général bénins ont fait l’objet de rapports pour les Contentieux. La présence parmi les gens âgés de nombreux impotents augmente le nombre de ces accidents. Il est toutefois à remarquer qu’aucun accident ne s’est produit pendant les innombrables embarquements et débarquements sur rades par le personnel et les vedettes du bord, bien que de nombreux impotents ou paralysés, aient été débarqués et ré-embarqués sur leurs fauteuils roulants.
Note en marge : Quelle cour des miracles !
RAPPORT DU COMMISSAIRE ADMINISTRATIF – M. Alain MAHUZIER
PERSONNEL
Valeur professionnelle :
Satisfaisante dans l’ensemble dans tous les services.
Exemptions :
Relativement peu nombreuses sauf en ce qui concerne le seul Service Restaurant qui à lui seul a totalisé plus d’exemptions que les autres services réunis.
Commission de nourriture :
Aucune observation n’a été portée au cahier de commission.
Délégués service « Restaurant » Élection du 7 mars 1970
Ont été élus :
Délégué titulaire (réélu) : Mr HERVE Chef de Partie – C.G.T
Délégué suppléant : Mr LE VOGUER A.d.C – C.G.T
Le Procès-verbal des élections dûment signé et daté a été affiché au tableau de service
Mouvements :
Relève à CANNES du 11 mars :
Personnel débarqué |
Personnel embarqué |
||
Hôtel |
67 |
Hôtel |
62 |
Réception |
42 |
Réception |
47 |
Restaurant |
42 |
Restaurant |
41 |
Détaché |
2 |
Détaché |
4 |
Étrangers |
1 |
||
Total |
154 |
Total |
154 |
NEW YORK le 19 mars :
Débarquement du « Personnel croisière » en supplément d’effectif et d’une fraction du « Personnel en diminution », compte tenu de l’application du barème,
Personnel débarqué |
|
Hôtel |
112 |
Réception |
21 |
Restaurant |
28 |
Total |
161 |
Plus 4 rapatriés sanitaires.
Soirée équipage :
NEW YORK 19 mars : Une soirée théâtrale a été donnée par le groupe artistique du navire au profit de la Fondation Brévilliers du HAVRE et du bercail « Jeanne d’Arc » de GOMMERVILLE
SERVICE
Salle à manger : 1180 passagers, staff inclus, ont été ainsi répartis.
Salle à Manger ‘’Chambord’ | 389 |
Salle à Manger ‘’Louisiane’’ | 18 |
Salle à Manger ‘’Versailles’’ Haut | 158 |
Salle à Manger ‘’Versailles’’ Bas | 569 |
Salle à Manger ‘’Trianon’’ 1er Service Enfants | 5 |
Salle à Manger ‘’Trianon’’ 2ème Service Staff | 41 |
Aux escales, service à courir de Midi à 14 heures et de 19 à 21 heures
À la mer, Service ‘’Versailles’’ 12h30 et 19h30. Autres salles à manger 13h00 et 20h00, le décalage de trente minutes facilitant le service en cuisine.
Buffets :
Buffet de jour : de 12h30 à 14h00 chaque jour à la mer du 16 février au 13 mars inclus ; très bonne fréquentation les huit premier jours. À partir du 27 février, avec une moyenne de 150/200 plateaux, service du buffet limité au Pont Promenade Babord qui a largement suffi à la demande. Arrêt du buffet de jour après MADÈRE (14/3) compte tenu du changement de température et d’une fréquentation allant en diminuant.
Buffet de nuit : de minuit à 1h30, nombre nettement moins important qu’aux précédentes croisières, moyenne 150 plateaux
Buffet snack : ce buffet de dépannage a fonctionné tous les jours d’escale de 14 à 15h00
Service étages :
Moyenne jours à la mer 650/700 plateaux (maximum 714)
Moyenne jour au port : 500/550 plateaux.
Pas d’attente anormale dans l’écoulement des plateaux.
Petits colis à SAINT-THOMAS 17 février
Embarquement de 1200 petits colis, nombre sensiblement plus élevé qu’aux précédentes croisières.
ENTRETIEN DES EMMÉNAGEMENTS
Entretien courant, assuré par les menuisiers-Métallistes et la Bordée. De NEW YORK le 19/3 nous expédions à le HAVRE/Service Technique un certain nombre de demandes de travaux a effectuer aux cours des premières escales au HAVRE du mois de mai ; à signaler certaines réparations sol et cloisons, au pont C, dans les locaux du Personnel.
Le Commissaire Administratif,
RAPPORT DU COMMISSAIRE GESTIONNAIRE – J. P. GIQUEL
De cette longue croisière, trois fais principaux sont à signaler.
LES MENUS
Variété des menus : durant ces 33 jours de croisière, aucun plat principal n’a été présenté deux fois selon la même préparation
Des préparations « gastronomiques » qui d’habitude faisaient l’objet de Commande Spéciales, ont figuré au menus (tournedos Rossini, poularde ½ deuil etc…
LANGOUSTES ET HOMARDS
Homards embarqués çà NEW YORK le 14 février : En cours de voyage, nous nous sommes aperçus que 2 000 homards, embarqués vivants et apparemment sains, cuits vivants, dès l’embarquement, avaient un goût et une odeur très prononcés de mazout. Jugés impropres à la consommation, nous avons dû les jeter. Averti par lettre, le fournisseur (Maison Prince) s’est présenté à bord dès notre arrivée. Nous avons obtenu le remboursement de ces 2 000 homards.
Langoustes : Elles auraient provoqué une intoxication alimentaire. Il s’agit de langoustes embarquées vivantes à Fort-de-France le 9 février, cuites dès l’arrivée à bord et conservées en chambre froide. Depuis plusieurs années nous appliquons cette méthode, dans un but d’économie, la langouste étant d’un prix très intéressant en Martinique.
Note en marge : Cela s’est déjà produit sr d’autres navires les lieux de pêche peuvent en être la cause et il convient de ne pas consommer les têtes et les intestins des langoustes.
DÉPENSES ANNEXES AU COMPTE DE GESTION PROPREMENT DIT
Nombreuses parties au départ de NEW YORK, le montant des dépenses s’élève à : 3 013.50 ; Canapés pour les cocktails que les passagers s’offraient entre eux. Dépenses chiffrées pour 23 jours : 6 960.50
VIVRES
NEW YORK le 14/2 :
Chargement ininterrompu de jour et de nuit de 285 tonnes de vivres. Bien que chargeant par trois endroits à la fois, l’embarquement s’est terminé ½ avant l’appareillage.
Bonne qualité des vivres embarqués, mis à part une partie de la livraison de homards et quelques boîtes de caviar. Ces boîtes ont été remboursées le 19 mars.
RIO DE JANEIRO :
Embarqué légumes, fruits, poissons. Très bonne qualité pour des prix intéressants. Nous avons profité de notre passage pour demander qu’il nous soit présenté quelques pièces de viande en vue de futures longues croisières (contrefilet, filet, agneaux). Cette viande, de prix avantageux, est de mauvaise qualité et ne peut convenir à nos exigences.
DAKAR/TÉNÉRIFFE :
Très bonne qualité des vivres embarqués, prix intéressants.
NAPLES :
Bonne livraison de la commande. Nous avons refusé les langoustes dites « fraiches congelées ».
CANNES :
Bonne qualité des vivres livrés par nos fournisseurs habituels. Manutention difficile.
LINGE
Débarquement de 3 600 sacs de linge sale dans des conditions difficiles. Pertes et vols ont fait l’objet d’un constat, en accord avec notre Agent et le Stevedore.
Embarquement de 1 250 sacs de linge propre à NEW YORK
La consommation de linge ayant été inférieure aux prévisions, nous avons réduit notre commande du 7 avril.
CAVE
Vente faible de vins et champagne (250 Dom Pérignon vendus durant la Croisière de Noël (16 jours), 83 Dom Pérignon vendus à cette Croisière (33 jours)
Le Commissaire Gestionnaire