Voyage – N° 27 – ATLANTIC-CHAMPAGNE – ACL – 458/459 – (du 5 août au 26 août 1971) – © Collection French Lines (Le Havre)

OBSERVATIONS GÉNÉRALES

HORAIRE – COMMERCIAL

Les vingt quatre heures complémentaires de retard à l’appareillage votées par les officiers le 17/7 ont eu lieu au Havre le 7/8. Le retard total découlant de ce mouvement aura été de 92 heures au lieu des 96 prévues.

Nous avions trois jours de retard au départ de ce voyage contre quatre le voyage précédent, en raison d’un manque d’équipes et de l’action des officiers. Nous rentrons avec à peine deux jours de retard sur l’horaire. Comme le voyage précédent, nous avons touché les ports U .S  avant Halifax pour éviter de nous trouver en même temps que le « Cinderella » dans ce dernier port. Si le navire a été de nouveau bien chargé Westbound, le retour est aussi moyen que le voyage dernier. En particulier, le chargement en RoRo lourd est un des plus faibles enregistrés sur la ligne, et pourtant Southampton est compris dans la rotation cette fois.

COEFFICIENTS DE REMPLISSAGE

Voyage N° 27 du 5 août au 26 août 1971 – 458/459

ALLER

Désignation

Mode

RETOUR

82%

Voitures

7%

90%

Containers Lo-Lo

56%

88%

Containers Ro-Ro

47%

Nous n’avons guère vu le soleil au cours du voyage. Depuis deux mois, c’est d’ailleurs la brume qui est, le plus souvent, notre compagne de route. Le cyclone Beth s’étant déplacé plus vite que prévu, nous en sommes passés à 60 milles en arrivant à Nantucket ; mais les forts vents ne sévissaient que près du centre. Une dépression tropicale qui a suivi Beth, a surtout apporté des pluies abondantes qui, par chance, n’ont eu qu’une influence limitée sur nos opérations commerciales.

REMARQUES : COURT-CIRCUIT TABLEAU PRINCIPAL

Un important court-circuit dans le tableau principal babord, survenu à Baltimore, a occasionné des brûlures à la main d’un officier, des avaries à de nombreux disjoncteurs. Il a entraîné également une interruption de vapeur dans le compartiment machine et trois moteurs électriques ont ainsi été endommagés.

Les opérations de manutention n’ont été retardées que de trois heures à Baltimore, mais le départ a dû être reporté de neuf heures par rapport à l’horaire. Il a fallu, en effet, une nuit complète de travail difficile et intensif pour effectuer de nouveaux branchements permettant la remise en service des principaux appareils. (Voir les observations du Chef mécanicien, M. Le Meur). Cependant, des pluies orageuses étant tombées sur Portsmouth à l’heure ou nous aurions du être dans ce port, nous avons quitté les États-Unis avec seulement quatre heures réelles de retard et nous sommes arrivé à Halifax juste à temps pour prendre la Place du « Crown ».

Deux des trois moteurs ont pu être remis en service au cours du retour. Cet accident ne devrait pas entraîner de retard au prochain départ du Havre, si les socles de disjoncteurs demandés ont pu être approvisionnés.

CONDUITS DES FUMÉES

Notre service technique envisageait de remplacer les restes de ces conduits à la prochaine escale au Havre. On estime à trois jours la durée de ce travail, mise bas les feux et rallumage compris. La perspective d’une grève des dockers de la côte Est des États-Unis à partir du 1er octobre entraîne d’importants chargements wesbound depuis quelques mois. Nous avons donc suggéré de protéger des gaz d’échappement l’enveloppe elle-même de la cheminée par des écrans provisoires et d’attendre ainsi la période de grève durant laquelle le Champagne devrait être immobilisé au Havre, d’après nos informations. Cependant, la demande récente du Président Nixon de suspendre toute grève pendant une durée minimum de trois mois, pourrait influencer la décision de l’Union des dockers.

La période des travaux, qui ne peuvent attendre trop longtemps, devra être revue en fonction de cette nouvelle et, également, à la lumière des mesures commerciales du Président des États-Unis. Une décision sera à prendre après contact entre notre Service Technique, l’A.C.L/ Paris et l’A.C.L.S.

STABILISATEURS

En cas de grève des dockers US à l’automne, et de confirmation de l’immobilisation du Champagne au Havre, la réparation de l’aileron babord est toujours souhaitable avant l’hiver.

RADARS

Nous attendons toujours la visite d’un technicien Sperry, demandée par notre Service Navigation à Paris, en juin, pour contrôler la rémanence de l’écran du radar à mouvement vrai. Nous attendons surtout un radar 10 cm pour la raison déjà donnée plusieurs fois et qui intéresse la sécurité de la navigation.

ÉCLAIRAGE PONT SUPÉRIEUR

Les saisisseurs réclament de plus en plus vigoureusement pour la manque d’éclairage entre les rangées de containers au pont supérieur. Les travaux, demandés par l’A.C.L, ont été commencés lors de l’Arrêt Technique en janvier.

VIVRES

Nous avons eu la désagréables surprise, à notre arrivée à New-York, d’apprendre que la plupart des viandes étaient frappés d’interdit à la consommation aux États-Unis, pour une durée indéterminée. Seules les viandes, en carton, de mouton de Nouvelle-Zélande et de bœuf d’Australie peuvent être utilisées, quand bien même les autres viandes ne sortiraient pas du Bord.

Nous avons pu, pour cette fois, disposer de quelques morceaux avant la pose des scellés, et nous avons fait la soudure avec des volailles. Mais nous ne pouvons assurer qu’il en sera de même à chaque voyage, quand on connait la rigueur maladive de l’Agriculture américaine. Nous ne citerons comme exemple que l’interdiction qui nous est faite de sortir l’ice cream préparée pour le dîner alors en cours, sous prétexte qu’elle était faite avec du lait Européen et était entreposée dans la chambre à viande !

Les États-Unis risquaient sans doute d’être empoisonnés avec les « restes » de cette crème glacée, car le représentant de l’Agriculture ne se souciait évidemment pas de notre santé, qui est très bonne malgré la consommation de ces viandes pernicieuses.. Pour éviter des achats couteux aux États-Unis, pour un séjour là-bas de trois à quatre jours, nous demanderons à notre service des vivres d’étudier la possibilité de nous fournir quelques morceaux de viandes autorisées. P. E.

ESCALES

ATLANTIC CHAMPAGNE

Voyage N° 27 – 458/459

ANVERS 5/8- 08h30 ROTTERDAM 26/8- 01h36

FRET TOTAL

PORTS Arrivée Départ

débarqué

embarqué
Dates – Heures Dates – Heures

Tonnage Manipulés

ANVERS 05/8 – 08h30
LE HAVRE 06/8 – 01h24 08/8 – 02h30
ROTTERDAM 08/8 – 16h18 10/8 – 00h06
NEW-YORK 15/8 – 16h18 16/8 – 21h12
BALTIMORE 17/8 – 18h30 18/8 – 09h24
PORTSMOUTH 18/8 – 19h42 19/8 – 03h12
HALIFAX 20/8 – 14h36 21/8 – 00h18
ROTTERDAM 26/8 – 01h36

SERVICE TECHNIQUE

OBSERVATIONS GÉNÉRALES

Malgré un fonctionnement satisfaisant des chaudières Groupes de turbines et Auxiliaires principaux, ce voyage a été caractérisé par une série d’incidents de gravités diverses.

TABLEAU ÉLECTRIQUE PRINCIPAL

Durant l’escale du navire à Baltimore le 17 août, un court circuit entre phases lors de l’ouverture d’un sectionneur sous courant a provoqué des amorçages sur socle de 9 disjoncteurs de distribution. Simultanément une moitié du tableau s’est trouvée indisponible entrainant l’obligation de stopper l’ensemble de l’installation par manque d’alimentation de certains auxiliaires électriques.

La déverse de vapeur (à l’air libre) du condenseur atmosphérique ayant provoquée des avaries à 3 moteurs essentiels, la remise en service de l’installation s’est trouvée retardée. La mise sous tension des barres Bd, après démontage des disjoncteurs avariés et des barrettes d’entrée de courant a nécessité 8 heures de travail continu et rendu pénible par l’absence de ventilation et la chaleur.

Le navire a pu quitter Baltimore avec environ 9 heures de retard sur l’horaire prévu dans des conditions de sécurité suffisantes.

Des alimentations provisoires ont été montées aux escales de Portsmouth et Halifax à fin de desservir la plupart des appareils électriques du navire.

Cette avarie a fait l’objet d’un rapport spécial d’avarie et du P.V N° 334/71

La remise en état du tableau et d’un moteur mouillé au cours de l’avarie est demandée pour le retour.

CIRCUIT DE GRAISSAGE G.T.R. Td

Nous avons constaté que le roulement de butée de la pompe Av avait un fonctionnement bruyant et présentait un jeu excessif. Cette pompe a été maintenue en réserve durant le voyage et sa visite demandée.

Nous avons remplacé la soupape à membrane de réglage de pression de ce circuit. La vanne mise en place ne présentant pas des caractéristiques d’usinage précis (jeu important dans la tenue et sur portées de l’opercule) nous gardons une pression légèrement supérieure (2,5 au lieu de 2,2 bars) au collecteur de graissage général. Des soupapes à clapet guidé auraient été mieux adaptées à cette place.

COLLECTEUR DE SOUTIRAGE H.P

La réfection d’un joint d’accès difficile de ce circuit a nécessité la marche au DO d’une chaudière au cours de l’escale de New-York le 16/8.

Ce collecteur est encore équipé de quelques joints en klingérite (depuis le neuvage) dont le remplacement serait à prévoir au prochain arrêt annuel ; ce circuit alimente les réchauffeurs à mazout donc indispensable en exploitation.

Cette remarque est aussi applicable à certains joints non conformes du collecteur alimentaire.

VENTILATEUR DE CHAUFFE CHAUDIÈRE AR

Des jeux importants aux axes des ventelles ont provoqué un blocage de leur commande lors de la manœuvre de départ du Havre le 8 août avec difficultés de conduite de la chauffe. Ils seront à redouiller à l’arrêt annuel.

DIVERS MACHINE

Nous devons évoquer également quelques ennuis rapidement circonscrits dont :

L’extinction des deux chaudières à la suite d’un mauvais fonctionnement du disjoncteur STOTZ 220 v. alimentant les électro-vannes des climax et vannes arrivée mazout aux rampes. Une ligne provisoire a été passée.

Des disjoncteurs du moteur frein de l’actionneur rotatif de l’appareil de manœuvre marche AR du G.T.R. Td à l’arrivée à quai à New-York. Un réglage des ferrodos du frein a été effectué.

Des obturations fréquentes des pastilles de brûleurs nécessitant leur nettoyage manuel journalier. Nous supposons que le F.O. embarqué à Rotterdam est, à cette époque de l’année, de qualité très médiocre. Malgré notre demande nous n’avions pu obtenir d’échantillons à la livraison. Mention en avait été faite dans le reçu.

RAMONAGE DES CHAUDIÈRE

Les tuyaux de distribution de vapeur aux ramoneurs n’ont pas été montés selon les consignes et plans BABCOK (absence de T Vallourec spéciaux). Il s’en suit que certains tronçons montés en tension cassent près des soudures. Nous avons repris 2 cassures (ramoneurs 3 et 11 chaudière Av) réparés antérieurement.

COMPRESSEUR D’AIR DE RÉGULATION

Deux tubes du réfrigérant d’air ont été tamponnés les 7 et 11 août. Cet échangeur a déjà été remplacé en janvier 1971 à la suite d’avaries identiques ; il est peut être sous garantie. Nous pensons que sa construction laisse présager une tenue très précaire, l’air compressé chaud introduit sur la plaque de tête AR provoque certainement des contraintes irrégulières du faisceau tubulaire.

POMPE DE REPRISE DES PURGES Td

Nous avons profité de la visite du moteur électrique (mouillé lors de l’avarie du tableau) pour effectuer le contrôle de la pompe : la butée, la bague d’étanchéité inférieure et la douille guide du mobile ont été remplacées. Cette pompe avait été visitée à l’arrêt de janvier et accuse des jeux importants aux garnitures entre cellules. Un mobile de rechange sera commandé.

COMPRESSEUR FRIGOS VIVRES Td (BRANCHER CB 1600)

La mise en froid de la chambre à glace (peu utilisée) a été rendue nécessaire à l’arrivée à New-York lors de la mise sous scellés de la chambre à viandes. Le déréglage d’un détendeur a provoqué des retours liquides au carter du compresseur en service avec détérioration des portées de l’arbre et clapets. Comme signalé sur plusieurs navires, ces appareils sont très fragiles par suite d’un graissage trop faible, cette fois aggravé par la présence de fréon 22 dissous. Le compresseur de rechange a été monté.

INSTALLATION D’EXTINCTION SPRINKLER

La plupart des robinets d’amenée d’eau aux diverses distribution sont de manœuvre difficile ou coincée. Leur visite par le bord ne peut être envisagée que lorsque les travaux habituels d’entretien sont exécutés et que des avaries ne se produisent pas. Ce voyage nous avons pu voir 2 soupapes et il apparait que certaines pièces ont souffert : chromage des sphères attaqué, joint téflon rayé. Nous émettons un bon pour commande de rechanges qui devraient permettre des contrôles plus régulier. Dans l’immédiat, si la durée de l’escale au Havre le permet, il y aurait lieu de visiter 5 robinets bloqués.

Le 25 août 1971, M. Le MEUR